Audace et résilience : Prendre des risques positifs

Dans cet épisode, Janice McDonald, mentore 2020 de la Fondation Pierre Elliott Trudeau, et les boursières 2020 Laya Behbahani et Allison Furniss examinent comment ils évaluent les risques dans leurs recherches universitaires et leurs activités professionnelles, et comment la peur de l'échec peut parfois nous empêcher de prendre les mesures nécessaires pour atteindre nos objectifs. 

 

 

TRANSCRIPTION DE L'ÉPISODE

 

Valerie Pringle : Échouer, c'est dur pour le moral. L'échec peut changer l'image qu'on a de soi et nous amener à douter de nos capacités. La peur de l'échec peut aussi nous empêcher de prendre les risques nécessaires à l'atteinte de nos objectifs. Mais comment l'échec peut-il nous aider à grandir comme personne? Ici Valerie Pringle. Bienvenue à ce nouvel épisode d'Espaces de courage. Nous allons discuter de cette question avec trois formidables membres de la Fondation Pierre Elliott Trudeau. Avec nous aujourd'hui, la boursière 2020 Laya Behbahani, doctorante à l'école de communication de l'Université Simon Fraser. Ses recherches explorent le travail forcé, l'esclavage moderne et les expériences de traite des êtres humains dans les États du golfe du Moyen-Orient. Allison Furniss, aussi boursière 2020, est doctorante au département de sociologie de l'Université du Cap en Afrique du Sud. Ses recherches portent sur les femmes travaillant dans les mines artisanales de coltan dans l'est de la République démocratique du Congo. Enfin, Janice MacDonald, mentore 2020 à la Fondation Pierre Elliott Trudeau. Janice est une entrepreneure maintes fois récompensée, spécialiste en leadership, autrice à succès et fondatrice de Beacon Agency, un cabinet-conseil spécialisé. Laya, Alison et Janice. Bienvenue dans nos Espaces de courage. 

Laya Behbahani : Bonjour Valerie. Merci!

Valerie Pringle : Comme on peut le voir, vous provenez de différents horizons, vos expériences sont très différentes. À titre de mentore pour la Fondation Pierre Elliott Trudeau pour un an, j'ai eu la chance de sélectionner les boursier.e.s, c'était fantastique. Je lisais vos CV et tout le reste... La liste de vos réussites et réalisations est interminable. C'est presque surhumain, en fait. Donc, évidemment, c'est ce qu'on a tendance à montrer au monde entier. Et les parcours des membres de cette communauté sont ponctués de réalisations. Mais je crois qu'il est intéressant de regarder l'envers de la médaille, d'aborder le sujet d'un autre angle, de parler des échecs et des leçons qu'on peut en tirer. 

Alors, commençons par discuter de l'échec dont vous êtes le plus fières, et de la façon dont vous avez su tirer profit de cette expérience pour rebondir et avancer. Laya, voulez-vous commencer?

Laya Behbahani : Bien sûr, Valerie. J'ai réfléchi à cette question. C'est une bonne question. L'exemple qui me vient spontanément à l'esprit, ce n'est pas ce que je considère un échec à proprement parler, mais disons que c'est plutôt inhabituel dans mon domaine. Dans mon cas, j'ai mis beaucoup de temps à terminer ma carrière universitaire. Et je sais que ce n'est pas tellement recommandé de prendre son temps pour faire son baccalauréat ou sa maîtrise. Bref, j'ai mis sept ans avant d'obtenir mon diplôme de premier cycle, mais avec le recul, je dois dire que j'en suis sortie grandie. Cette expérience a ouvert mon esprit, notamment face à mon domaine de recherche, la traite des êtres humains, comme vous l'avez mentionné. Donc, d'après les normes universitaires, la durée de mes études peut être considérée comme un échec ou une erreur. Mais de mon point de vue, je dirais plutôt que j'ai choisi un autre chemin. J'ai pris le temps de faire des stages à différents endroits, comme à la section de la traite des êtres humains des Nations unies à Vienne. J'ai travaillé à la faculté de droit de l'Université de la Colombie-Britannique et dans des tribunaux provinciaux du pays. En somme, avec le recul, je crois que si je n'avais pas eu de telles expériences, je ne sais pas où j'en serais aujourd'hui. Je ne sais pas si je considère mon parcours comme étant une erreur ou un échec, mais on peut certainement dire que c'est inhabituel à l'université d'avoir mis tant de temps à terminer des études. 

Valerie Pringle : Diriez-vous que généralement, les gens savent ce qu'ils veulent, savent où ils vont? Et suivent une belle ligne droite?

Laya Behbahani : Oui, je dirais que c'est ce qu'on voit le plus souvent. La plupart du temps, les étudiants terminent leur doctorat en fin de vingtaine ou début de trentaine. Et c'est perçu comme la meilleure chose à faire. De commencer et de finir. Donc, prendre son temps, c'est plutôt inusité. 

Valerie Pringle : Alison, et vous? L'échec, vous connaissez? Admettez-le!

Allison Furniss : Effectivement. Vous n'aimerez certainement pas ma réponse, parce qu'en vérité, je n'aime pas ce mot : « l'échec ». Plutôt que de voir les choses comme des échecs, je vois ces moments, les emplois qu'on n'obtient pas, les stages auxquels on postule et qu'on ne décroche pas, je les vois comme des occasions de bâtir sa résilience, de se recentrer, et peut-être de changer de cap ou d'objectifs. Pour donner un exemple personnel, quand j'ai envoyé une demande à la University of Cape Town, c'était pour la maîtrise en anthropologie, et j'ai été refusée. La direction voulait que je fasse une année spécialisée supplémentaire parce que je changeais de discipline. Mais à ce moment, je venais de passer quatre ans à faire des travaux de développement en Tanzanie et en Namibie, un travail vraiment bouleversant. Et je venais de déménager à Whitehorse, au Yukon, où je suis née et où j'ai grandi. J'avais prévu de passer six mois à la maison, m'inscrire à un programme de deuxième cycle, puis retourner à l'école. Après tout, j'avais déjà mon bac et une expérience de quelques années. Mais j'ai été refusée. Pour moi, à ce moment, dans mon esprit, c'était un gros coup dur. Encore aujourd'hui, je ne vois pas cela comme un échec, mais comme un gros coup dur. Mais maintenant, surtout avec le recul, je suis vraiment contente de ne pas avoir été acceptée dans ce programme, parce qu'à l'époque, je n'étais pas prête pour le deuxième cycle. J'avais besoin de renouer avec mon milieu, de prendre du temps pour guérir de ces quatre années de travail communautaire éprouvant. 

Valerie Pringle : Intéressant. À votre tour, Janice. Votre parcours est complètement différent, vous ne venez pas du milieu universitaire. Vous êtes une mentore, vous avez un parcours d'entrepreneure. Quel a été votre plus grand échec?

Janice McDonald :Merci! Si je regarde mon parcours dans une optique entrepreneuriale, je suis très à l'aise avec le mot « échec », parce que je ne le vois pas comme un échec. Ce qui peut paraître étrange, je sais, mais qui concorde avec les commentaires de Laya et d'Allison. Dans le sens que pour moi, le plus grand échec, toutes sphères confondues, ce serait de ne pas essayer. De ne pas oser. Ma façon de voir les choses, comme entrepreneure, c'est qu'échouer, c'est apprendre, et apprendre est la clé du succès. À mon avis, l'échec fait partie intégrante du succès. Échouer, c'est l'occasion de recommencer, de se réorienter, de s'adapter. Mais cette fois, on prend cette nouvelle direction, ce nouveau départ, avec davantage de connaissances et d'expérience. Je vais vous donner un exemple concret. À l'époque où je travaillais dans le secteur de la musique, dans les années 1990, en magasin puis en ligne, j'avais fait l'erreur d'embaucher les mauvaises personnes. Pourquoi est-ce l'exemple parfait? Que s'est-il passé? Par exemple, certaines personnes m'ont volée ou ont volé l'entreprise. Tu te demandes comment tu as pu faire une telle erreur, pourquoi tu n'as pas choisi quelqu'un d'autre, et cetera. Mais en me disant qu'« échouer, c'est apprendre, et apprendre, c'est réussir », j'ai réalisé que des changements s'imposaient. De toute évidence, il fallait que j'améliore mes processus, que je change ma façon de gérer les stocks et d'aborder les choses au travail. Encore une fois, comme le disait Allison, la notion de reformulation est très puissante, très positive. C'est un véritable tremplin. \[00:10:47\]

Valerie Pringle : Vous savez, lorsque les choses ne vont pas bien, on ne se sent pas bien. Personne n'aime ça. D'accord, un jour, on finit par se dire que c'était pour le mieux, mais pendant un moment, c'est douloureux. Et personne, personne n'aime ça. 

Janice McDonald : Effectivement. Ce que je dis souvent à mes enfants, c'est qu'il faut accorder 10 % d'attention au problème, et 90 % de nos efforts à la solution. Et vous avez totalement raison. Ça fait mal. Mais ce qui m'intéresse le plus, c'est de ne pas répéter la même erreur. Parce que des erreurs, on en fait toujours. C'est inévitable. Mais ai-je appris? Ai-je fait ce qu'il faut pour corriger le problème, pour améliorer la situation?

Valerie Pringle : Ce qui nous amène à mon autre question. Ce qu'on cherche à faire ici, je crois, et qui pourra servir aux membres de la communauté et aux gens qui écoutent le balado, c'est créer un espace de réflexion sur la réaction face à l'échec. Comment peut-on trouver des mécanismes concrets qui peuvent nous aider lorsqu'on se retrouve devant un choix? Vous évaluez les risques d'après votre expérience, et vous tentez votrechance? Vous savez, je ne suis pas une universitaire. Mon domaine est celui de la radiodiffusion, je ne connais pas votre univers. Laya, peut-être que vous pourriez briser la glace? Est-ce différent dans le milieu universitaire?Est-on toujours supposé réussir ou projeter l'image qu'on réussit si on vise, disons, une carrière en enseignement universitaire ou toute autre carrière estimée prestigieuse?

Laya Behbahani : D'après mon expérience, une part du milieu universitaire s'attend à ce qu'on fasse des erreurs, parce qu'on croit que se tromper est la meilleure façon d'apprendre. J'ai parlé à des professeur.e.sreconnu.e.s, des professeur.e.s dont les articles ont été refusés 18, 19, ou 20 fois. Donc, l'échec est très présent dans ce parcours, car il est entendu que l'apprentissage par l'expérience a beaucoup plus de poids que le fait de recevoir le feu vert chaque fois que l'on essaie de faire quelque chose. Le renforcement positif, la prise de risques intelligents, ces éléments font partie de l'expérience universitaire. En fait, je crois que c'est un des points forts du milieu : on s'attend à ce qu'on prenne des risques calculés, et à ce qu'on échoue. On s'attend à ce qu'on fasse des erreurs, parce que les erreurs nous font grandir comme universitaire.

Valerie Pringle : Allison ou Janice, qu'en pensez-vous? Comment déterminez-vous quels risques sont dignes d'être pris?

Allison Furniss : Pour moi, une grande partie de cette conversation autour de la prise de risques implique de tenir compte des autres points de vue, mais de ne pas avoir peur de les remettre en question. Je crois profondément au proverbe « qui ne risque rien n'a rien ». Mais c'est un chemin sur lequel on peut croiser beaucoup d'opposants. Des tonnes de personnes vous diront : « Tu ne peux pas le faire, tu ne devrais pas le faire. C'est impossible. » Mais je suis convaincue qu'il ne faut pas les écouter. D'accord, on peut tenir compte de ces points de vue différents, mais il ne faut jamais avoir peur de les remettre en question. Prenons par exemple le travail de maîtrise que j'ai fait dans l'est de la RDC. C'était dans un contexte d'instabilité, d'imprévisibilité politique. Des groupes armés y sont toujours actifs, même en contexte d'après-guerre. Avant mon départ, tout le monde me disait de ne pas y aller, que je ne devrais pas y aller. Même ma directrice de travaux m'a dit que j'étais folle de faire de la recherche dans l'est de la République démocratique du Congo, mais moi, j'étais convaincue. Je savais que ce projet en valait la peine. Je savais qu'il était réalisable et que je pouvais le faire. Le projet a pratiquement échoué, par contre. C'était tellement long, tellement compliqué d'organiser cette recherche à cause du lieu, un milieu imprévisible et un peu instable. C'était vraiment difficile. Et l'accueil a été vraiment froid. Je ne connaissais personne. Au début, personne n'était là pour m'aider. 

Valerie Pringle :Vraiment? Si j'avais été ta mère, Allison, j'aurais été inquiète!

Allison Furniss : Oui, c'est vrai. Elle était inquiète. En fait, il y avait quelques personnes, je peux les compter sur les doigts de ma main, qui m'ont appuyée. Les voix négatives étaient si nombreuses qu'elles ont commencé à ébranler ma confiance dans mon projet. Ma stratégie a donc été d'arrêter de parler aux gens de mon projet, de modérer mes propos sur ce que je faisais pour éviter de me noyer dans cette négativité, pour me protéger de ces gens qui disaient que je ne pouvais pas alors que je savais que je pouvais. Je crois que c'est très important d'en parler. Évidemment, si ma superviseure dit craindre de réels dangers, d'accord. Je vais prendre les précautions nécessaires. Je vais faire valoir que j'ai de bonnes assurances, et tout le reste. Mais je ne vais pas baisser les bras pour autant. Je pense que dans le milieu universitaire surtout, on repousse les limites. On se rend dans des endroits inusités. On pose des questions dérangeantes. On se heurte à beaucoup d'objections, on rencontre beaucoup d'embûches. Il faut toujours se rappeler qu'on doit tenir compte de ces autres points de vue différents, mais qu'il ne faut jamais avoir peur de les remettre en question.

Valerie Pringle : Janice, c'est très audacieux, n'est-ce pas?

Janice McDonald : Oui, absolument. Je crois qu'Allison a soulevé un point vraiment important : lorsqu'on repousse les limites, lorsqu'on prend ces risques, il faut avoir au moins une personne qui nous appuie, qui nous encourage, quelqu'un vers qui on peut se tourner, sur qui on peut compter pour nous remonter le moral. Oui, il faut se poser des questions et prendre les précautions nécessaires. J'espère que vous le faites. Mais ensuite, et c'est bon pour tout le monde, il faut voir quelle question est pertinente à se poser par la suite. Dans le monde des affaires, mais je crois que c'est aussi vrai dans le milieu intellectuel, on peut se demander quelle est la pire chose qui pourrait arriver. 

Valerie Pringle : Je me suis posé cette question très, très souvent dans ma vie. Exact. 

Janice McDonald : Exact. Parfois, on prend du recul pour voir le pire qui est arrivé ou qui pourrait arriver. La première chose à faire, donc, est d'examiner la situation, d'envisager le pire et d'apprivoiser ces possibilités. Ensuite, il faut évaluer la probabilité qu'elles surviennent, et changer ses plans au besoin. Il faut donc déterminer son degré d'aisance face à ces risques. Ce qui peut être très utile aussi, c'est faire de petits pas dans la bonne direction, même s'il faut s'éloigner un peu du chemin principal ou prendre un chemin parallèle. Donc, on continue d'avancer jusqu'à ce qu'on se sente prêt.e à reprendre la voie principale. Mais, toujours dans l'idée de continuer à progresser dans la direction qui nous mène là où on veut aller. 

Laya Behbahani : Oui, j'allais justement dire que je suis entièrement d'accord avec Janice et Allison. Je crois que l'une des choses dont je tiens toujours compte, un peu comme Allison, c'est que le sujet de ma recherche est un peu tabou dans le golfe du Moyen-Orient. Personne ne veut parler de travail forcé, d'esclavage ou de traite des personnes. La recherche sur le terrain n'est pas optimale là-bas, mais nous avons décidé de faire de la recherche à cet endroit, sur ce sujet. Ce qui m'importe, par contre, c'est me demander si mon travail peut poser un danger pour moi-même ou une autre personne. Si c'est le cas, à mes yeux, dans une optique de prise de risques intelligents, j'ai tendance à me dire que ça ne vaut pas la peine, que le coût est trop élevé. Mais si on le regarde sous l'angle de la prise de risques en général, Allison a raison, qui ne risque rien n'a rien, et l'université nous appuie en ce sens. On nous encourage à sortir des sentiers battus, à faire un travail qui repousse les limites, justement. 

Valerie Pringle : Il faut accepter de faire des vagues et avoir du courage, je suppose, pour se tenir debout et défendre son point de vue. 

Laya Behbahani : Oui, et pour poser des questions difficiles, comme disait Allison, des questions que personne ne veut poser. 

Valerie Pringle : En ce qui vous concerne, Laya, comme vous le disiez, dans le cadre de votre recherche, vous vous butez automatiquement à de la résistance puisque vous étudiez des sujets dont on ne veut pas parler, comme la traite humaine. Non, ça n'existe pas ici. C'est interdit. Comment déterminez-vous la suite des choses? Comment évaluez-vous quels risques sont dignes d'être pris?

Laya Behbahani : Je dirais que ça va plus loin que repousser les limites ou mesurer les risques. Dans les cas des États du golfe, certains types de recherche vont vous interdire l'entrée au pays. C'est le genre de sujets auxquels je m'intéresse. Est-ce que le jeu en vaut la chandelle? Au point de ne plus jamais pouvoir remettre le pied dans ces États? Au point de mettre en danger certaines de ces populations? Non, dans ces circonstances, je préfère laisser tomber la recherche sur le terrain. Mais je peux certainement user d'imagination et orienter mes travaux de recherche sur les mouvements migratoires des pays concernés qui envoient des travailleurs migrants dans les États du golfe. C'est possible. Il est donc toujours possible de changer de stratégie pour parvenir à ses fins, sans nécessairement mettre de côté le sujet ou les questions qui nous intéressent. On obtient alors le même résultat, mais sans causer de tort, sans nuire aux gens qu'on cherche à étudier. À mes yeux, les communautés de migrants que j'étudie et avec qui je travaille arrivent en tête de liste. Leur sécurité est plus importante que tout. Viennent ensuite les questions difficiles. J'ai donc reformulé ma recherche, comme je disais, pour aller sur le terrain des pays concernés : l'Égypte, l'Inde, le Pakistan et les Philippines. Dans le cadre de ce travail sur le terrain, on pose des questions, on observe les participants et on interroge les migrants. On ne se rend pas dans les États du golfe, on ne met pas en danger ces populations qui se trouvent déjà dans une situation précaire. À mes yeux, ça ne vaudrait pas la peine de risquer de les mettre en danger. 

Valerie Pringle : Allison, vous faites essentiellement le même travail que Laya. Quels conseils donneriez-vous à un universitaire qui vous écoute? Comment abordez-vous votre travail?

Allison Furniss : Pour rebondir sur ce que disait Laya, c'est vrai, on ne calcule pas les risques de la même façon pour soi, comme chercheuse universitaire par exemple, et pour les participants de la recherche. Mais bien honnêtement, je crois vraiment que souvent, les gens ont peur à cause de leurs croyances et des stéréotypes. Je veux vraiment insister là-dessus. Si vous êtes un.e jeune chercheur.se, si vous voulez faire du travail de terrain, de la recherche fondamentale, de l'ethnographie, peu importe, des entrevues même, n'ayez pas peur de faire quelque chose que les autres n'ont pas fait juste parce que les gens vous disent que vous ne pouvez pas le faire. Croyez en vos convictions, ayez confiance en votre projet. Soyez fermement convaincu.e.s de la valeur de votre travail. 

Janice McDonald : Je vais rebondir là-dessus, car je crois que de façon générale, les gens ne font pas assez d'erreurs. Ils ne prennent pas assez de risques. Évidemment, c'est la femme d'affaires qui parle. Mais, vous savez, j'ai déjà été chercheuse, et je suis d'accord. Les gens nous disent : « Ne fais pas ci, ne fais pas ça. » Surtout aux femmes. Si j'avais un conseil à donner, ce serait de bien bâtir son réseau. Pour revenir à la Fondation, le réseau est extraordinaire. Les boursier.e.s et ceux et celles qui poursuivent une carrière devraient travailler à élargir leur réseau, s'entourer de gens de différents horizons, aux points de vue différents. Un tel réseau est un outil puissant qui pourrait vous ouvrir de nouvelles portes et remettre en question vos croyances, votre façon d'aborder les choses. C'est dans cette optique que j'ai bâti mon réseau, et c'est ce qui m'a beaucoup aidée. Mais j'ai vu les bienfaits pour les autres aussi. Simple matière à réflexion.

Valerie Pringle : Eh bien, merci à vous trois pour tous ces commentaires éclairants, pour vos confidences et votre courage. Merci Laya Behbahani, Allison Furniss et Janice McDonald, toutes trois membres de la communauté de la Fondation Pierre Elliott Trudeau. Au programme du prochain épisode : comment est-ce qu'on prend soin de soi, comment est-ce qu'on se remet d'une conversation difficile, éprouvante, le genre de conversation intrinsèqueà tout travail de recherche, à tout projet. Et pour en discuter, nous recevrons la boursière 2019 Diane Roberts et la mentore 2019 Shannon Litzenberger de la Fondation. Encore une fois, merci beaucoup.