Transformer l’alimentation à l’échelle du globe

Cet article a été rédigé par Brent Loken, boursier 2011 de la Fondation Pierre Elliott Trudeau, qui a récemment corédigé une étude pour la Commission EAT-Lancet sur la saine alimentation et la durabilité environnementale des systèmes alimentaires à l’échelle de la planète. Une version abrégée du rapport en français est disponible ici.

 

 

Transformer l’alimentation à l’échelle du globe

L’alimentation a le potentiel de favoriser la santé humaine et de soutenir la durabilité environnementale. Or, notre alimentation menace les deux. En plus d'être l'une des plus grandes émettrices de gaz à effet de serre (GES), la production alimentaire contribue largement à la déforestation, la perte de biodiversité, la pollution et l'épuisement des écosystèmes marins. De plus, la nourriture est au cœur d'une crise mondiale de la santé publique. Les régimes alimentaires malsains présentent désormais un risque plus élevé de morbidité et de mortalité que les rapports sexuels non protégés, l’alcool, les drogues et le tabac réunis. La situation est préoccupante. Permettre à près de 10 milliards de personnes d’avoir accès à une alimentation saine et durable d’ici à 2050 est l’un des défis les plus grands et urgents du XXIe siècle en matière de santé et d’environnement. Sans une transformation radicale du système alimentaire mondial, le monde risque de ne pas atteindre les objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies et les cibles de l’Accord de Paris, et les enfants d’aujourd’hui hériteront d’une planète sévèrement dégradée et potentiellement inhabitable. 

 
Il existe de nombreuses preuves scientifiques selon lesquelles les régimes alimentaires sont étroitement liés à la santé humaine et à la durabilité de l'environnement. Pourtant, l’absence de cibles scientifiques mondialement acceptés en matière de régimes alimentaires sains et de production alimentaire durable a nui aux efforts coordonnés visant à transformer le système alimentaire mondial. Pour répondre à ce besoin critique, la Commission EAT-Lancet a réuni 37 scientifiques de renom issu.e.s de 16 pays et de diverses disciplines – incluant la santé humaine, l'agriculture, les sciences politiques et la durabilité environnementale –, afin d’établir des cibles scientifiques mondiales pour une alimentation saine et une production alimentaire durable. Il s’agit de la première tentative de définition d’objectifs scientifiques universels pour le système alimentaire qui s’appliquent à tous les peuples et à la planète.
 
La Commission montre qu'il est possible de nourrir sainement et dans les limites de l'environnement une population mondiale de près de 10 milliards de personnes d'ici 2050. Cependant, cela ne sera possible que par une action généralisée, multisectorielle et multiniveau, qui comprend une transition globale vers une alimentation riche en végétaux, de grandes réductions du gaspillage alimentaires et des améliorations majeures dans les pratiques de production alimentaire. L’objectif universel de parvenir à une alimentation saine à partir de systèmes alimentaires durables est à portée de main et les données sont suffisantes et suffisamment solides pour justifier une action immédiate et à grande échelle.
 
La réaction mondiale au lancement, le 17 janvier 2019, du rapport de la Commission EAT-Lancet a été extraordinaire. Près de 6000 histoires ont été écrites à ce sujet à travers le monde, l'industrie alimentaire en discute, les gens en débattent et les célébrités la défendent. En bref, le rapport fait déjà bouger les choses et crée un espace propice à de réels changements. Que vous soyez gourmet, que vous travailliez sur le changement climatique ou que vous vouliez simplement rendre le monde meilleur, il est temps que chacun de nous prenne les conclusions du rapport et traduise ces connaissances en action, à commencer par ce que vous mettez dans votre assiette ce soir.