Journée mondiale sur la santé mentale - 2020

Alors que de nombreuses régions du monde sont maintenant confrontées à une deuxième vague de la pandémie de la COVID-19 et que les perturbations de la vie quotidienne se poursuivent, la Journée mondiale de la santé mentale de cette année ne pourrait être plus importante. Les experts suggèrent que le besoin de santé mentale et de soutien psychologique augmentera considérablement dans les mois et les années à venir en raison de la pandémie, et la sensibilisation aux problèmes de santé mentale est maintenant plus importante que jamais.

 

Afin de mobiliser et éduquer le public sur les implications de la COVID-19 à la lumière des quatre thèmes fondateurs — les droits de la personne et la dignité humaine ; la citoyenneté responsable ; le Canada et le monde ; et les populations et leur environnement naturel — la Fondation Pierre Elliott Trudeau a créé le comité sur les impacts de la COVID-19 au printemps dernier. Ce comité rassemble des experts et des sommités dans divers secteurs, y compris les domaines scientifiques et de la santé publique, pour apporter des solutions et des informations destinées au grand public. Plusieurs membres du comité se sont concentrés sur les impacts de la santé mentale pour différentes portions de la population et ont rédigé et publié des articles d’opinion détaillant les effets sociétaux à long terme de la COVID-19, en collaboration avec nos médias partenaires La Presse et le Toronto Star.

 

Nous avons invité la présidente du comité et Fellow 2020, Vardit Ravitsky, et le membre du comité et Boursier 2018, Mohammad Karamouzian, pour leurs réflexions sur les défis et les opportunités que la pandémie a créées.

 

Le contexte de la pandémie a-t-il créé de nouvelles opportunités pour discuter des problèmes d’égalité des sexes ? Voici ce que Vardit Ravitsky avait à dire :

« La pandémie crée de nombreuses opportunités pour mieux lutter contre les inégalités entre les sexes dans notre société. Elle met en lumière les conséquences dévastatrices de l’inégalité entre les sexes. De l’impact disproportionné sur la santé des femmes faisant partie du personnel soignant à l’augmentation désastreuse de la violence domestique, la pandémie a montré les multiples façons dont l’iniquité ouvre la porte à la souffrance et aux abus. À court terme, notre société doit consacrer les ressources nécessaires pour identifier et mettre en œuvre des solutions, telles que des refuges pouvant servir pendant la quarantaine. À long terme, nous devrions intensifier nos efforts pour lutter contre l’inégalité entre les sexes dans une perspective systémique.

Les femmes enceintes sont confrontées à de grands défis psychosociaux liés à l’isolement, à un moment où le soutien familial et social est extrêmement nécessaire. Dans les rares cas où les femmes doivent accoucher seules, les effets traumatisants peuvent avoir des conséquences à long terme. Les femmes ont fait preuve d’une résilience incroyable et ont développé des mécanismes d’adaptation inspirants. En tant que société, nous devons tirer les leçons de leurs expériences et réfléchir à la manière de créer des systèmes de soutien pour réduire l’impact négatif de l’isolement sur la santé mentale pendant la grossesse. »

 

Dans un article récent du Toronto Star, Mohammad Karamouzian décrit la pandémie comme nous affectant assurément tous, mais n’étant pas le « grand égalisateur » pour les communautés marginalisées au Canada.

 

Comment la pandémie affecte-t-elle davantage la santé mentale des populations marginalisées ? Voici ce qu’il avait à dire :

« Il n’est pas surprenant que l’incertitude économique, les inquiétudes au sujet de la contraction du SRAS-CoV-2, les inquiétudes concernant la santé mentale et l’éducation des enfants et les mesures de distanciation sociale que vivent les Canadiens aujourd’hui ont aggravé leur bien-être psychologique et leur santé mentale. Bien que la santé mentale de tout le monde soit quelque peu affectée, des enquêtes canadiennes à grande échelle (Institut Angus Reid, Statistique Canada et Association canadienne pour la santé mentale) montrent que tout le monde n’est pas affecté de la même manière et que les désavantages auxquels sont confrontées les personnes marginalisées (par exemple, les personnes ayant des problèmes de santé mentale préexistants, les personnes handicapées, les personnes vivant avec des troubles liés à l’utilisation de substances, les personnes aux prises avec le logement et l’insécurité alimentaire, les peuples autochtones, les ménages à bas salaire et à faible revenu, les communautés radicalisées et les LGBTQ+) sont d’autant plus amplifiés. En effet, des données récentes montrent que la santé mentale de ceux qui sont déjà marginalisés sur les plans socio-économique et structurel s’est considérablement dégradée par rapport aux autres. La COVID-19 a cependant fourni une occasion passionnante de discuter d’interventions pratiques en amont telles que le revenu de base universel, un approvisionnement plus sécuritaire en médicaments et un logement abordable pour tous, qui sont cruciales pour s’attaquer aux causes profondes des mauvais déterminants sociaux de la santé mentale chez les Canadiens marginalisés. »

 

Bien avant la pandémie, la santé mentale était une préoccupation importante pour la Fondation. En 2018, elle a adopté sa politique sur la santé mentale, qui offre, depuis maintenant deux ans, un soutien en santé mentale aux Boursiers. En cette Journée mondiale de la santé mentale, la Fondation souhaite rappeler à ses Boursiers actifs qu’ils ont accès, en cas de besoin, aux ressources et services de santé mentale et les encourage à les utiliser.

 

Les journées internationales s’avèrent des occasions de sensibiliser le public aux questions préoccupantes, de mobiliser la volonté politique et les ressources pour résoudre les problèmes mondiaux ainsi que de célébrer et de renforcer les réalisations de l’humanité.

 

Pour une approche contextuelle et relationnelle de ces enjeux liés aux impacts de la COVID-19, vous pouvez retrouver l'article de Vardit Ravitsky dans La Presse, Les impacts sociaux de la COVID-19: place à la solidarité d'après-crise, publié cet été.