Le Mois de l’histoire des Noir.e.s 2022

Une histoire qui s’écrit, encore et à jamais

La Fondation Pierre Elliott Trudeau est heureuse de souligner, encore cette année, un mois si important consacré à la mémoire collective, un mois entier pour célébrer la véritable histoire, toute l’histoire, celle du passé, celle du présent, mais également celle qu’il reste encore à écrire. Celle à la fois unique et multiple, toute en textures, en vécus et en richesse, des personnes noires. Celle de leur contribution sociale, culturelle, intellectuelle, politique, scientifique, technologique, économique, artistique et heuristique à l’évolution de notre société, de nos sociétés, ici, au Canada, ainsi que partout ailleurs dans le monde.

L’histoire des Noir.e.s est constituée, chez nous et de par le monde, de figures passées, comme celles de Rosa Parks, Daniel Hale Williams, Martin Luther King, ou plus près de nous sur la ligne du temps, de figures présentes et accomplies, comme la mentore maintes fois reconnue et primée, mentore 2011, Rita Shelton Deverell

Rita Shelton Deverell, la prochaine chancelière de l’Université Lakehead, en Ontario, est de celles qui savent que les Noir.e.s doivent continuer, sans la moindre hésitation, à prendre la digne place qui leur revient. Son parcours, éloquent, ainsi que sa personne, tout aussi éloquente, constituent un legs généreux pour les générations montantes, celles d’ici et celles d’ailleurs. Comme tant d’autres figures noires et notoires bien avant elle, Rita Shelton Deverell est de celles qui pavent la voie à des individus remarquables et de plus en plus remarqués pour leur contribution à la démocratisation du savoir, comme Chanelle Robinson (boursière 2021), Bryon Maxey (boursier 2021) ou encore Lydie C. Belporo (boursière 2021). Ce sont eux, les savant.e.s d’aujourd’hui et de demain. Car, il faut bien le dire, cette histoire-là, c’est certes celle d’individus qui ont marqué le passé et continuent de marquer le présent de nos sociétés, mais c’est aussi celle de ceux et celles qui liront et continueront d’écrire cette splendide trame narrative, qui porte en elle tout l’espoir et le talent du monde.

En ce mois de célébration de l’histoire des Noir.e.s, la Fondation Pierre Elliott Trudeau est fière de mettre en valeur les recherches et apports des boursier.e,s, fellows et mentor.e.s qui incarnent avec brio les diverses expériences académiques, sociales et professionnelles des Canadien.ne.s noir.e.s, au Canada et partout dans le monde.

Théologie womaniste et poésie diasporique en contexte canadien, héritage intellectuel et culturel séculaire des Noir.e.s, gouvernance de la violence et prévention de la radicalisation et de l’extrémisme, les boursier.e.s de la Fondation Pierre Elliott Trudeau sont des esprits curieux, brillants, généreux, pluriels, inclusifs, qui voient loin et grand pour eux-mêmes et pour autrui, et qui n’ont certes pas fini de faire grandir et de faire rayonner le savoir, et ce, bien davantage que durant le seul deuxième mois de chaque nouvelle année à venir.

 

RITA SHELTON DEVERELL
CÉLÉBRER L’HISTOIRE ET L’AVENIR DES NOIR.E.S

Rita Shelton Deverell, C.M., Ph. D., mentore 2011, sera la toute première chancelière de couleur de Lakehead University lorsqu’elle sera installée comme la 10e chancellière de Lakehead University lors de la collation des grades en 2022. Douzième titulaire de la chaire Nancy en études des femmes de l’Université Mount Saint Vincent, elle est également artiste du théâtre, réalisatrice, productrice de télévision, et a par ailleurs été la première femme à diriger un programme de journalisme au Canada, à l’École de journalisme de l’Université de Regina. Innovante, créative, lauréate d’une multitude de prix prestigieux et grande source d’inspiration pour le public et les générations montantes, Rita Shelton Deverell est l’une des premières femmes noires au Canada à avoir occupé un poste d’animatrice à la télévision et à la direction d’un réseau de télévision.

« Bien entendu, nous savons tous que les Noir.e.s sont présents au Canada depuis les années 1600. N’est-ce pas ?

Nous savons tous que nous ne sommes pas ici depuis des temps immémoriaux, comme le sont les peuples autochtones, dont nous occupons les territoires. Il n’en demeure pas moins que 400 ans, c’est tout de même il y a quelque temps déjà. Nous savons aussi que les contributions des Noir.e.s canadien.ne.s au cours de ces 400 dernières années doivent être célébrées, au même titre que celles des personnes qui ne sont en Amérique du Nord que depuis 400, 300, 200, 50, 10 ou 5 ans. N’est-ce pas ?

Nous savons que le Mois de l’histoire des Noir.e.s a officiellement été déclaré au Canada il y a 26 ans, sur approbation unanime d’une motion de l’Honorable Jean Madeline Augustine, première femme noire canadienne à occuper un poste de ministre fédérale de la Couronne et membre du Parlement. Jean est également pour moi, qui suis première chancelière de couleur de Lakehead, ainsi que pour tous ceux qui luttent au sein du monde de l’éducation, un modèle fort sur lequel on peut tous s’appuyer. Elle est elle-même une ancienne enseignante et directrice d’école. 

Certains de mes collègues préfèrent de loin parler du “Mois de l’avenir des Noir.e.s”. Le thème de Patrimoine canadien cette année en conserve toutefois l’esprit : “En février et en tout temps : Célébrons l’histoire des communautés noires aujourd’hui et tous les jours”.

Nous avons besoin des deux, de l’histoire et de l’avenir. Pour ceux d’entre nous qui font partie de cette communauté, le moment est venu de célébrer les contributions des 400 dernières années. De notamment nous réjouir que le campus Orillia de Lakehead University se trouve dans le comté de Simcoe, un comté nommé en l’honneur du lieutenant-gouverneur John Graves Simcoe, qui a fait adopter la Loi visant à restreindre l’esclavage dans le Haut-Canada de 1793. Cette loi a mis fin à la vente d’esclaves par des Canadiens à des Américains. La loi a également libéré les esclaves en provenance des États-Unis et arrivant dans le Haut-Canada, bien qu’elle n’ait en revanche pas libéré les esclaves adultes déjà présents au Canada. Ce n’était alors certes pas suffisant, mais il ne tient qu’à nous de terminer le travail de libération, d’équité, de diversité et d’inclusion au sein de notre société.

En ce mois de l’histoire des Noir.e.s, je salue tout spécialement la communauté de Lakehead, qui compte 70 nations internationales ainsi que de nombreuses nations autochtones. Nous sommes tous responsables de l’avenir des Noir.e.s ce mois-ci, ainsi que chaque mois qui suivra, du travail et de la célébration de la justice sociale. »

 

CHANELLE ROBINSON
EXPLORER LA THÉOLOGIE WOMANISTE ET LA POÉSIE DIASPORIQUE EN CONTEXTE CANADIEN

Chanelle Robinson, boursière 2021, est candidate au doctorat en théologie systématique au Boston College et concentre ses recherches sur la théologie womaniste et la poésie diasporique en contexte canadien. Récipiendaire de bourses doctorales de la part du Conseil de recherche en sciences humaines et du Louisville Institute, à la fois éducatrice et chercheuse, Chanelle Robinson siège également à la Société théologique canadienne.

« Dans le cadre de ma recherche, s’intéresser à l’histoire des Noir.e.s canadien.ne.s signifie tirer de l’oubli les histoires des femmes noires qui ont changé les choses, en mettant en valeur la multiplicité des expériences des Noir.e.s dans ce pays, et examiner le rôle du Sacré dans ces histoires. Le Mois de l’histoire des Noir.e.s nous incite à réfléchir aux parties de l’histoire du Canada qui ont été oubliées, effacées ou dont on s’est mal souvenu. Nous sommes collectivement invités à honorer et à tirer des apprentissages de la longue histoire des diverses communautés noires sur cette terre. »

 

BRYON MAXEY
INTERPRÉTER ET FAIRE CONNAÎTRE L’HÉRITAGE INTELLECTUEL ET CULTUREL SÉCULAIRE DES NOIR.E.S

Bryon Maxey, boursier 2021, étudiant au doctorat en religion à l’Université de Toronto, enseignant et chercheur interdisciplinaire sur l’Islam et l’Afrique prémoderne, souhaite avant toute chose jeter les ponts entre les communautés noires d’Afrique et des Amériques, notamment sur les plans intellectuel et culturel. Afin de mieux comprendre l’héritage riche et diversifié des Noir.e.s, il axe ses recherches sur l’histoire dynamique et plurielle de l’interprétation du Coran en Afrique. Jeune chercheur, il est grandement inspiré par ses expériences d’enseignant au secondaire et d’organisateur communautaire en milieu multiconfessionnel. Novateur et humaniste, Bryon Maxey a entre autres créé un programme d’études islamiques en ligne.

« Il y a près d’un siècle — peu de temps après qu’on eût établi la création du Mois de l’histoire des Noir.e.s — Carter G. Woodson a présenté une vision de l’enseignement de l’égalité raciale pleine d’espoir, une vision qui pourrait favoriser “une valorisation accrue des vertus de toutes les races, croyances et couleurs”. Cette vision éclairante est pour moi toujours d’actualité dans mes recherches, qui visent à comprendre l’aperçu des visions du monde, des épistémologies et des modes de vie des Africains prémodernes alors que je cherche à mettre en valeur, tout comme Woodson, “l’importance de l’arrière-plan africain”, souvent négligé dans l’histoire globale des Noir.e.s. Des origines africaines communes à la mosaïque moderne des communautés noires de la diaspora mondiale, l’histoire des Noir.e.s a toujours été caractérisée par une pluralité de points de vue, ce qui est particulièrement vrai au Canada. En raison du sentiment de mutualité qu’elle cultive au profit des générations actuelles et futures, l’histoire des Noir.e.s mérite d’être publiquement estimée et il est important qu’on y réfléchisse dans toute sa diversité (linguistique, religieuse, culturelle, politique, etc.), et ce, non seulement au sein des communautés noires, mais bien au-delà de ces dernières. »

 

LYDIE C. BELPORO
LA GOUVERNANCE DE LA VIOLENCE EXTRÉMISTE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Lydie C. Belporo, boursière 2021, est étudiante au doctorat à l’École de criminologie de l’Université de Montréal. Cofondatrice du Réseau international des femmes doctorantes (RIFDOC), elle est activement impliquée dans son domaine d’expertise et a par ailleurs été coordonnatrice de la chaire UNESCO en prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent au Canada. Pour sa recherche, Lydie C. Belporo s’intéresse aux trajectoires d’anciennes recrues du groupe terroriste Boko Haram et à leur réintégration au Cameroun.

« Le mois de l’histoire des Noir.e.s est une occasion de reconnaître et de célébrer les importantes contributions des Noir.e.s au Canada. L’éducation a joué un rôle central dans ces parcours d’émancipation, et en ce sens, en tant que personne issue de la diaspora, je suis heureuse de contribuer par mes recherches à la compréhension des phénomènes sociaux dans mon champ de recherche. Mon sujet de thèse, qui s’articule autour de l’analyse du phénomène criminel dans les sociétés subsahariennes, me permet de déconstruire certains postulats à travers une approche plus holistique, qui tient notamment compte de l’importance du poids de l’histoire et de celle des inégalités structurelles, afin d’avoir une compréhension plus fine et afin de mieux cerner les trajectoires de sorties de violences. Il est important de souligner la pluralité des perspectives qui existent au sein des groupes pour pouvoir explorer la richesse des parcours des personnes qui composent ces groupes. Cet état d’esprit permet de brosser un panorama plus large de la réalité et d’innover grâce à des approches et des méthodes qui sont plus créatives et plus productives. Mes recherches me permettent justement de mesurer l’importance d’associer la diversité et la pluralité des perspectives dans un contexte conflictuel, et au sein duquel coexiste une diversité linguistique (des populations francophones et anglophones) et où l’implication des femmes et des jeunes peut contribuer à la formulation de meilleures politiques publiques en matière de paix et de sécurité. »

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Rita Deverell

  • Mentor.e 2011
  • Ancien.ne
Elle a été la 12e titulaire de la chaire Nancy en études des femmes à l'Université Mount Saint Vincent. Elle est artiste du théâtre,…
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Chanelle Robinson

  • Boursier.e 2021
Chanelle Robinson est candidate au doctorat en théologie systématique au Boston College.
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Bryon Maxey

  • Boursier.e 2021
Bryon Maxey est candidat au doctorat en religion à l’Université de Toronto.
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Lydie C. Belporo

  • Boursier.e 2021
Titulaire d'une maîtrise en droit et d'une maîtrise en relations internationales, est étudiante au doctorat à l'École de criminologie…