Magaly Brodeur :Les impacts psychosociaux de la pandémie de COVID-19 et l’impératif du dialogue entre les disciplines

Alors qu’une course contre la montre est présentement en cours pour la découverte d’un vaccin pouvant neutraliser le coronavirus SARS-CoV2, les impacts collatéraux de la pandémie se font de plus en plus sentir dans les communautés.

Les mesures mises en place par les autorités de santé publique (confinement, distanciation physique, interdiction des rassemblements, etc.) ont des impacts majeurs sur la santé des citoyens. En effet, les impacts psychosociaux de la pandémie de maladie à coronavirus COVID-19 sont sans précédent (perte d’emploi, difficultés financières, perte des réseaux de soutien, détresse psychologique, anxiété, dépression, violence, maltraitance, consommation de substances, suicides, etc.).

En avril 2020, les premiers résultats de l’enquête canadienne sur les impacts psychosociaux de la COVID-19 ont révélé que le quart des répondantes et répondants présentaient des symptômes significatifs de stress et d’anxiété (UdeS Nouvelles, 2020). Ces symptômes combinés à l’augmentation de consommation de substances comme l’alcool et les drogues ont mené à des situations préoccupantes.

Au Canada, les décès par surdose sont en augmentation depuis le début de la pandémie. Le coroner de l’Ontario estime que le nombre de surdoses mortelles a augmenté de 25 % au cours des mois de mars, avril et mai 2020. En Colombie-Britannique, le nombre de morts par surdose a bondi de 40 % par rapport à la même période l’an dernier (Le Devoir, 2020). La fermeture de nombreux centres d’injection supervisés ainsi que la suspension de services aux personnes ayant des problèmes de dépendance à travers le pays ont compliqué la situation de nombreux utilisateurs de drogues (Radio-Canada, 2020).

En mai dernier, la Société des Alcools du Québec affirmait avoir observé une hausse de 200% de ses ventes en ligne depuis le début de la pandémie (Le Devoir, 2020). Cette augmentation n’est pas étonnante. En effet, il est démontré dans la littérature qu’en situation d’isolement et de stress, comme dans le cadre d’une pandémie, les populations se tournent vers l’usage de substances telles que l’alcool ou les drogues pour atténuer leurs émotions négatives (Volkow, 2020). Après le 11 septembre 2001, près de 25% des New-Yorkais ont rapporté avoir augmenté leur consommation d’alcool (Vlahov et al., 2004).

L’augmentation de la consommation de substances, des symptômes anxieux et des dépressions ont eux aussi des impacts collatéraux. Un véritable effet domino est observable. En effet, la consommation de substances et les symptômes anxieux et dépressifs représentent des facteurs de risque de violence et de maltraitance. Selon l’Organisation des Nations Unies, une augmentation des cas de violence et de maltraitance auprès des femmes, des enfants et des aînés est observée partout dans le monde (ONU, 2020). L’atteinte est planétaire, les impacts sur ses populations sont considérables et les traces resteront présentes pendant plusieurs années après la pandémie.

Que faire face à cette situation sans précédent ? Comment contribuer à l’atténuation des effets psychosociaux de la pandémie ?

Tout d’abord, il faut se demander, suis-je moi-même en détresse ? En effet, est-ce que mes habitudes ont changé ? Par exemple, le verre de vin occasionnel du samedi est-il devenu deux ou trois verres par jour ? Est-ce que mon humeur a changé ? Suis-je plus triste ou anxieux ? Si oui, il est important d’en parler et d’aller chercher de l’aide, au besoin, auprès d’un professionnel de la santé.

Ensuite, il est important de se demander, qu’est-ce que je peux faire au quotidien pour contribuer à la résolution de la crise actuelle ?

L’heure est à la créativité et à l’innovation et chacun des membres de la communauté de la Fondation Pierre Elliott Trudeau peut contribuer, à sa manière, à l’amélioration de la santé des populations ainsi qu’à la réduction des impacts psychosociaux associés à la COVID-19.

Mon appel est donc le suivant : Prenez quelques instants pour repenser vos travaux actuels et vous demander comment vous pouvez atténuer les impacts de la COVID-19. Peu importe votre champ d’intérêt (arts, littérature, sciences politiques, aménagement, etc.), lancez-vous. Pensez à développer des alliances disciplinaires inattendues. Vous êtes reconnus pour être des leaders dans vos domaines respectifs. Il s’agit là d’une occasion en or pour avoir un impact significatif sur les communautés.

Les webinaires de la série Émergence de la Fondation Pierre Elliott Trudeau ont permis d’explorer différents thèmes en lien avec la pandémie de COVID-19. Je nous invite donc mutuellement à poursuivre cet effort amorcé par la Fondation

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Magaly Brodeur

  • Boursier.e 2009
  • Ancien.ne
Magaly est spécialisée en analyse et en management de politiques publiques. Elle s’intéresse particulièrement aux politiques de santé publique et de…